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25 octobre 2019

Témoignage du terrain : 3 questions à Clarisse, Assistante nutritionnelle au Tchad

Clarisse Allaira Bakada est Chargée de sensibilisation à l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique de l’Hôpital de l’Amitié Tchad-Chine à N’Djaména (Tchad) depuis 2013. Son travail consiste à venir en aide aux mamans des enfants hospitalisés. Sage-femme de profession, elle anime chaque matin des sessions de sensibilisation sur l’alimentation des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère. Au Tchad, plus de 360 000 enfants de moins de 5 ans souffrent malnutrition aiguë sévère cette année.* Tous les ans, le pays fait face à un pic de malnutrition entre août et octobre, et la ville de N’Djaména est particulièrement touchée. ALIMA et son partenaire local Alerte Santé interviennent et prennent en charge des milliers d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère.

Quels sont les conseils nutritionnels dans la prise en charge des enfants malnutris ?

Les conseils nutritionnels soutiennent l’action médicale dans la prise en charge des enfants malnutris aiguë sévère. Et c’est mon rôle dans l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique. Ici, nous utilisons des boîtes à image afin de mieux illustrer les thématiques sur la malnutrition et les différentes complications liées au cas de malnutrition aiguë sévère. C’est un appui aux parents afin qu’ils puissent mieux comprendre comment accélérer la guérison de leur enfant.

Par exemple, certaines mères ont du mal à accepter la pose de la sonde naso-gastrique à leur enfant mais à force de discussion, nous les amenons à comprendre l’utilité de ce dispositif. Cette sonde est un tuyau souple qui passe par le nez de l’enfant et qui le nourrit en passant par son œsophage.

Il y a plusieurs méthodes telles que la sensibilisation individuelle où je discute avec chaque mère sur son rôle envers son enfant dans le centre, mais aussi l’entretien collectif où j’échange avec tout le groupe. Dans ce cas, des groupes de mères sont formés en fonction de l’étape de traitement de leur enfant. Celles qui viennent d’arriver dans le centre sont prises séparément de celles dont les enfants sont en cours de sortie. La sensibilisation leur donne les moyens de savoir comment protéger leurs enfants, notamment grâce au dépistage des premiers signes de la malnutrition à domicile avec l’utilisation d’un simple bracelet tricolore connu sous le nom de Périmètre brachial (PB-Mère) de la malnutrition et l’obtention de compétences en nutrition.

Les conseils nutritionnels consistent essentiellement à sensibiliser et former les mères à la détection précoce de la malnutrition chez leurs enfants, ce qui réduit le risque d’hospitalisation.

Selon vous, quelle est la particularité d’ALIMA / Alerte Santé dans la lutte contre la malnutrition dans un milieu urbain comme N’Djaména ?

Cette particularité se trouve dans la stratégie opérationnelle d’ALIMA, basée sur des partenariats locaux et mettant le patient au premier plan. Ensemble, nous mettons l’accent non seulement sur la prise en charge des enfants malnutris mais aussi sur les activités de prévention. Au travers des activités communautaires, la lutte contre la malnutrition, surtout dans un milieu urbain comme N’Djaména permettra de prévenir les cas de malnutrition aiguë sévère.

Cela fait du bien de voir qu’une ONG internationale fonctionne avec les expertises et les compétences locales afin d’intervenir dans son propre pays. Nos actions sur le terrain sont d’autant plus optimisées qu’elles sont prises en mains par ceux qui les connaissent le mieux. Le renforcement de capacités que nous apportons est ainsi d’autant plus efficace.

En quoi le fait de travailler pour des mamans vous rend fière ?

Ma fierté réside dans l’accompagnement des mères. Je suis d’abord une mère et je ressens les mêmes sentiments que les mamans qui sont à l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique. Elles ont besoin d’une personne comme moi pour leur donner une éducation nutritionnelle et pour les orienter dans la prévention de la malnutrition. C’est l’essence de ma motivation. Je trouve donc ma fierté dans l’utilité de mon travail : je donne à chaque mère l’espoir que son enfant ira mieux et surtout, je lui  montre qu’elle a un rôle à jouer. Je fais découvrir aux mamans la réalité de la prise en charge et leur devoir dans le processus de traitement. C’est un engagement personnel qui dépasse le cadre professionnel. Je me retrouve dans ce travail et il me permet de m’accomplir sur le plan personnel et social. Orienter les mamans qui viennent ici et m’assurer qu’elles bénéficient du bon traitement, c’est ma vie.

Le projet d’ALIMA/Alerte Santé en appui l’Unité Nutritionnelle Thérapeutique de l’Hôpital de l’Amitié Tchad-Chine à N’Djaména (Tchad) a notamment reçu le soutien financier de la Protection Civile et Humanitaire de l’Union Européenne (ECHO).


* https://www.unocha.org/chad

**Crédit photo : Sylvain Cherkaoui / ALIMA

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