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16 mai 2017

Soudan du Sud: les populations menacées par une crise nutritionnelle

Dakar, le 16 mai 2017. Depuis près de trois ans le Sud Soudan est meurtri par une guerre civile ayant entraîné plus de 5 millions de personnes en besoin d’assistance alimentaire, 1.9 million de personnes déplacées, et plus d’un million d’enfants souffrant de malnutrition aigüe globale. L’échec du dernier accord de paix en juillet 2016 fragilise le contexte. Suite à une mission d’exploration effectuée en mars 2017 pour évaluer les besoins, l’organisation médicale ALIMA (The Alliance For International Medical Action) déploie une intervention médicale d’urgence dans les villes de Raja et Deleba dans l’Etat de Lol au Nord-ouest du pays.

Des conditions de vie difficiles

Près de 4800 déplacés, majoritairement des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans un campement de la ville de Deleba. Arrivant après plusieurs jours de marche, sans aucune ressource, leur état de santé est déplorable.

La violence et l’insécurité empêchent les personnes de travailler, alors que l’absence de stocks alimentaires dans le comté, à la lumière de la période de soudure prochaine, contribue à la situation nutritionnelle désastreuse dans l’État de Lol. La cherté, le peu de nourriture disponible sur le marché et l’absence de distribution d’aide alimentaire obligent les personnes déplacées à se nourrir quasiment exclusivement d’arachides.  

Selon un rapport de février 2017 de Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), effectué à Raja, 135.000 personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Un dépistage de la malnutrition mené par le Programme Alimentaire Mondial à Raja en décembre 2016 a montré un taux de malnutrition aiguë sévère de 6,3% et un taux de malnutrition aiguë globale de 20,6%, ces taux sont au-dessus des niveaux d’alerte de l’Organisation Mondiale de la Santé, situés à 2% et 10% respectivement.

 

Les familles déplacées ne disposent souvent pas de tente pour les protéger du soleil et des premières pluies. Les femmes et les enfants s’abritent dans des salles délabrées ou, à défaut de places suffisantes, sous des arbres. 

Les structures médicales abandonnées suite aux combats

Le manque d’approvisionnement en médicaments et autre matériel essentiel, le manque de ressources humaines médicales et la difficulté d’accès aux structures de santé accroissent la vulnérabilité des populations. Beaucoup de structures de santé ont été pillées lors des combats. Le personnel médicale a fui la violence. Les services d’hospitalisation ne sont pas disponibles 24 heures par jour en raison d’un manque d’électricité.

La saison des pluies menace les enfants déplacés

Chez les enfants, les principales causes de décès sont le paludisme et la diarrhée. Parmi près de 150 enfants examinés par les équipes médicales d’ALIMA, les taux de Malnutrition Aiguë Globale (GAM) et de Malnutrition Aigüe Sévère (MAS) sont estimés à 32% et 2%. L’absence de prise en charge hospitalière des cas de Malnutrition Aigüe Sévère avec complications met en danger de mort les enfants.

« Mais le pire reste à venir car la saison des pluies va entraîner des cas de paludisme », explique Dr Gbané Mahama, responsable du service des urgences au sein d’ALIMA. « La malnutrition et le paludisme sont une combinaison mortelle». La saison des pluies commence généralement vers le mois de mai dans l’Etat de Lol. 

 

Les équipes médicales s’efforcent de réduire au maximum le risque de mortalité particulièrement élevé pour les enfants de moins de 5 ans en distribuant des aliments thérapeutiques pour soigner la malnutrition.

Répondre aux besoins

À la lumière des besoins identifiés, ALIMA a commencé à fournir des soins médicaux à l’hôpital de l’État de Raja le 3 mai 2017. De plus, l’organisation soutient les services d’urgence et fournit des soins ambulatoires. Le support s’articule autour de la mise en place d’un centre de stabilisation nutritionnelle pour les enfants gravement malnutris avec des complications médicales et un service d’hospitalisation pédiatrique composé de 10 lits a été mis en place.

Au cours des deux premières semaines d’intervention, les équipes médicales ont consulté plus de 460 enfants et 250 adultes. Beaucoup d’enfants souffraient de malnutrition aiguë, y compris 43 cas de malnutrition aigüe sévère et 140 cas de malnutrition aiguë modérée. La majorité des patients étaient des enfants qui ont fui dans la brousse et les villages environnants suite aux combats ayant eu lieu dans le centre ville le 15 avril 2017. 

« Les besoins pédiatriques sont énormes » rappelle Dr Mahama Gbané. « Nous prévoyons de prendre en charge plus de 500 enfants en hospitalisation et plus de 200 enfants dans le centre nutritionnel thérapeutique intensif dans les prochaines semaines » 

Le soutien de la fondation ELMA (USA) et du Centre de Crise et de Soutien (CDCS France) ont permis à ALIMA de pouvoir déployer une assistance médicale d’urgence dans des zones particulièrement difficiles d’accès. L’offre de soins et d’assistance est néanmoins trop circonscrite au regard de l’étendue des besoins. En dépit d’une volonté et d’une capacité d’action rapide, la mobilisation des financements reste le principal élément de blocage limitant le déploiement tant géographique que programmatique des activités médicales, quand les besoins, eux, ne cessent d’augmenter. 

 


The Alliance For International Medical Action (ALIMA) est une organisation médicale humanitaire qui travaille main dans la main avec un réseau d’organisations médicales locales pour fournir des soins médicaux de qualité aux personnes les plus vulnérables lors de situations d’urgence et de crises récurrentes. ALIMA et ses partenaires effectuent des recherches de pointe pour améliorer la médecine humanitaire.

 

Basée à Dakar, au Sénégal, ALIMA a traité plus de 2 millions de patients dans 12 pays depuis sa création en 2009 et a lancé 10 projets de recherche axés sur la malnutrition, le paludisme, et le virus Ebola. 

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