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6 mai 2020

RD CONGO : former pour sauver des vies menacées par Ebola ou le Coronavirus

En République démocratique du Congo, ALIMA renforce les compétences d’équipes pluridisciplinaires pour la prévention et la gestion des épidémies telles que le Coronavirus ou Ebola pour une prise en charge de qualité des patients, en adéquation avec leurs besoins.

Le verdict tombe : mort-né. Le bébé n’a apparemment pas survécu lors de l’accouchement. Les visages se ferment. « Cet enfant a encore une chance de survivre, nous devons tout tenter. A vous de jouer. » Le docteur Hans-Jörg Lang, pédiatre pour ALIMA, The Alliance for International Medical Action, tend papiers et feutres aux 30 participants à la formation sur la prise en charge des patients infectés par le virus Ebola, organisée à Beni, ville du Nord-Kivu : « Vous avez deux heures pour réfléchir au protocole que vous allez suivre pour sauver cet enfant. »

Des formations pour renforcer la réponse à Ebola

Les cas pratiques font partie intégrante des formations proposées par ALIMA aux agents du Ministère de la Santé en République démocratique du Congo (RDC) : médecins, infirmiers, hygiénistes, sages-femmes y assistent pour rafraîchir leurs connaissances et en acquérir de nouvelles, afin d’atteindre des standards de soins qu’ils appliqueront dans les structures de santé publiques, dont certaines sont appuyées par ALIMA dans le cadre de la réponse aux épidémies d’Ebola mais aussi du COVID-19. Pendant trois jours, ils apprendront à identifier les symptômes de la maladie ainsi que la prise en charge médicale, les mesures de biosécurité ou la gestion de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, qu’ils pourront ensuite appliquer à toute autre épidémie ou infection sévère.

« Très impressionnant comme réaction, c’est parfait ! Vous n’avez désormais aucune excuse : vous pouvez réanimer les bébés dans les centres de santé ! ». Chaudement félicité par le docteur Lang pour sa présentation, le docteur Merveil, médecin généraliste, estime cette formation « très importante ». Il précise : « Ces matières nous concernent, nous avons besoin d’approfondir nos connaissances. On ne cesse d’apprendre et certains d’entre nous n’ont pas eu à donner des soins d’urgence au cours de leur carrière. »

Par groupe de 30 à 50 personnes, dans les villes de Goma, Katwa ou Beni, ces professionnels de la santé se familiarisent aussi avec une lecture éthique et très humaine de la médecine d’urgence. La dignité du patient, la confiance de la communauté envers les soins offerts sont considérées comme primordiales à leur rétablissement et à la continuité des soins.

De nouvelles sessions de formations pour contrer le Coronavirus

Ces sessions de formation permettent aussi de démystifier les maladies émergentes, et de tirer les leçons de la réponse médicale aux épidémies. Grâce à cette expérience et aux partenariats avec les différents acteurs des formations, l’Organisation mondiale de la Santé, le Ministère de la Santé et les différents secteurs d’activité engagés dans la réponse médicale d’urgence, des sessions de formation à la gestion du COVID-19 ont pu rapidement démarrer pour 387 agents de santé, en première ligne de la lutte contre la pandémie en RDC. Une priorité : « Le transfert des compétences est essentiel pour identifier et gérer les épidémies », confirme le Docteur Lang.

DSC04283© Philine Moucheront / ALIMA

Le renforcement de capacités des personnels de santé des pays permet ainsi d’agir pour la prise en charge de toutes les pathologies des patients, notamment celles dont souffrent les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 5 ans. En améliorant l’accès aux soins de santé primaire, les chances de dépister plus précocement un patient présentant des symptômes d’Ebola, de COVID-19 ou de rougeole augmentent, tout comme la confiance du public envers les structures médicales.

Courage, empathie et attention pour construire le système de santé de demain

« L’engagement du personnel de santé est remarquable », explique le docteur Lang. « Une majorité d’entre eux sont très motivés et ils sont courageux. Ils ont grandement contribué à la réponse médicale et ont gagné en expérience. Ces formations les aident à consolider leurs connaissances et à construire le système de santé publique de demain. »

Empathie et attention au patient sont les deux mots que retiendra le docteur Joël à l’issue de la formation de Beni sur l’épidémie Ebola. « On est là pour les patients et j’aime travailler avec ALIMA pour ça », commente ce médecin généraliste, attaché à l’assistance publique et affecté au Centre de Traitement Intégré Ebola de Sayo soutenu par ALIMA, avant d’ajouter : « Nous avons un partenariat fort, où la confiance est importante. Ce n’est pas une tentative de prise de contrôle mais une attitude positive, volontaire au service des plus fragiles. »

Photo de couverture : © Philine Moucheront / ALIMA

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