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1 août 2016

Nigeria : 3 questions à Aziz Ould Mohamed

Aziz Ould Mohamed est chef de mission ALIMA au Niger. En juillet, il a aidé à mettre en place la réponse d’ALIMA à Monguno dans le Nord-Est du Nigéria, où l’organisation apporte des soins médicaux à des milliers de déplacés face à une crise sanitaire extrême.

Quelle est la situation dans la ville de Monguno ?

La situation est catastrophique. Monguno accueille des dizaines de milliers de déplacés qui ont fui la frontière Nord du Nigéria. Les déplacés sont répartis sur 11 camps de fortune, dans des conditions d’hygiène désastreuses. Il n’y a aucune activité économique dans la ville, et les déplacés continuent d’affluer. Les déplacés n’ont pas les moyens de se nourrir, ils dépendent entièrement des distributions effectuées par les organisations internationales.

Au niveau sanitaire, un enfant sur trois souffre de malnutrition. Je n’ai jamais vu autant d’enfants atteints de kwashiorkor, une forme de malnutrition qui présente de graves lésions cutanées. Nous sommes aussi confrontés à une épidémie de rougeole mortelle. Et avec l’arrivée des pluies, la situation sanitaire risque de se dégrader. On redoute une épidémie de choléra.

Comment s’organise la réponse d’ALIMA ?


Nous avons contribué à la campagne initiale de vaccination rougeole et de dépistage de malnutrition au mois de juin. Depuis début juillet, nous nous sommes installés au MCH (l’hôpital de la mère et de l’enfant) de Monguno. Nous avons une équipe de 10 infirmiers et un médecin, ce qui nous permet de mener environ 150 consultations par jour. Nous traitons en priorité les enfants atteints de rougeole et les malnutris aigus sévères. Pour l’instant nous avons 5 lits d’observation ; nous en installerons 50 très prochainement.

En complément, nous intervenons en ambulatoire sur deux camps de déplacés. Nous organisons des dépistages de malnutrition, et référons les enfants en danger à l’hôpital. Un des objectifs pour la suite est de placer une équipe à l’entrée de la ville pour dépister et vacciner tous les enfants qui arrivent à Monguno.

Quels sont les besoins sur place pour les prochains mois ?

Les besoins dans tous les secteurs sont énormes. Mais à mon avis la nourriture, la santé et l’hygiène sont les plus urgents au regard de la saison des pluies qui s’installe et de la précarité des personnes sur place. Je pense qu’il faut rapidement stopper l’épidémie de rougeole, maîtriser le volume d’enfants malnutris sévères et mettre en place un système de surveillance épidémiologique efficace afin d’éviter des catastrophes dévastatrices. Et c’est à ça, entres autres, que s’attèle ALIMA.

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