Rechercher
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

28 novembre 2017

« Quelqu’un doit y aller »

Le photographe ghanéen Nana Kofi Acquah s’est rendu au nord du Mali afin de documenter nos programmes à Goundam dans la région de Tombouctou, une zone qui vit sous la menace permanente des bandits et autres groupes armés. Les équipes d’ALIMA (The Alliance for International Medical Action) et AMCP (Alliance Médicale Contre le Paludisme) appuient les activités de l’hôpital de Goundam et fournissent des soins médicaux à travers le district sanitaire.

“Je m’appelle Nana Kofi Acquah, je suis originaire du Ghana, je suis photographe et journaliste. Je fusionne mon passé de journaliste et de publicitaire avec mon travail à travers l’Afrique, avec l’espoir de contribuer à repositionner le continent à travers de nouvelles images et discours visuels. Je suis membre du groupe Instagram @EverydayAfrica. Je pense que les médias donnent une image totalement faussée de l’Afrique et j’espère pouvoir mieux représenter le continent à travers la photographie.

Je suis allé au Mali pour la première fois en 2010. Je suis tombé amoureux du Mali et du peuple malien. En voyant la dégénérescence du pays, j’ai senti que malgré le chaos les personnes étaient toujours les mêmes, que c’était ces mêmes personnes  merveilleuses. Et je me suis dit, si personne n’est prêt à aller au Nord du pays, je vais devoir y aller moi-même.

Parce qu’on ne peut pas dire qu’on veut changer la perception que le monde a de l’Afrique et refuser de couvrir les sujets d’actualité les plus sensibles et les plus importants. Quelqu’un doit y aller pour montrer l’exemple et dire que oui, il y a la guerre, il y a des groupes armés dans la région, il y a des maladies et une grande instabilité, mais tout d’abord il y a les personnes et on doit parler d’elles avant de parler de leurs circonstances accablantes. Je me suis senti obligé d’y aller.

Le nord du Mali, ce sont de vastes paysages et très peu de personnes. En fait, dans les photos vous remarquerez qu’il y a plus de moutons que de personnes. La plupart des personnes, celles qui peuvent partir, ont quitté la région, et celles qui ne peuvent pas partir restent à l’intérieur dans la médina autant que possible. Personne ne veut prendre de risque.

Parce qu’en raison du conflit, le Nord du pays est devenu tellement dangereux que les personnes ne se déplacent plus. Quand quelqu’un est malade, il se rend à l’hôpital en dernier recours, quand il est déjà dans un état critique – au moment où vous savez que si vous ne vous déplacez pas, la maladie va vous tuer, donc vous avez tout à gagner à aller voir si vous pouvez obtenir des soins.

Une fois on a amené un homme à l’hôpital, qui se trouvait en état de choc septique, au dernier stade. Si on ne l’avait pas déplacé, il serait définitivement mort. Il a attendu d’être sur le point de mourir avant de venir. L‘équipe médicale s’est tout de suite occupé de lui.

Pour autant que je sache, ALIMA et AMCP sont les seules organisations qui offrent une aide médicale. Les seules. Les seules qui ont une équipe médicale. Les seules avec un chirurgien, un anesthésiste, des médecins et des infirmières très compétents et qualifiés sur le terrain. Les seules ! Donc, leur présence est indispensable.

Et l’équipe d’ALIMA/AMCP est vraiment dépendante de la bonne volonté des gens. C’est tout ce qu’ils ont. Ils appuient l’hôpital et les populations ont besoin de soins médicaux. Ils espèrent que les communautés apprécieront le soutien qu’ils sont en mesure de leur fournir, et qu’en retour, elles veilleront sur eux.

Et malgré cela, le vendredi où j’ai quitté le Mali, le campement de l’équipe a été braqué par des bandits armés, qui ont emporté le véhicule. En fait, il n’y a aucune garantie, il n’y a aucune protection particulière pour l’équipe d’ALIMA– à part le drapeau blanc sur le véhicule, qui indique qu’ils sont en dehors du conflit. Et maintenant on le leur a pris.

Ils quittent tous leur famille pour aller travailler là-bas. Le chirurgien, je pense qu’il a quatre enfants, et donc il laisse ses quatre enfants et sa femme à Bamako et il vient travailler à Goundam.

Et ils savent très bien que leur expertise serait très appréciée ailleurs et peut-être qu’ils seraient mieux payés.

Ils font ce travail parce qu’ils se soucient vraiment des populations. »

 

Ce projet est en mesure d’aider la population, grâce au financement du département d’aide humanitaire de l’UE (ECHO) et du DFID.

 

 

Actualités liées