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1 août 2018

« Le travail est épuisant, mais gratifiant »

Le Docteur Ousmane Abdoulaye, médecin traitant de ALIMA / Alerte Santé au sein du Centre nutritionnel intensif de l’hôpital Amitié Tchad-Chine, décrit son travail quotidien pour soigner les enfants pendant le pic saisonnier de malnutrition.

N’Djamena – La journée typique d’un médecin au service pédiatrique consacré à la malnutrition

Malgré la récente augmentation des activités visant à répondre à la crise nutritionnelle dans la capitale du Tchad, N’Djamena, les centres de santé continuent de recevoir un nombre alarmant d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère.

Le Docteur Ousmane Abdoulaye, médecin traitant de ALIMA / Alerte Santé au sein du Centre nutritionnel intensif de l’hôpital Amitié Tchad-Chine, décrit son travail quotidien pour soigner les enfants pendant le pic saisonnier de malnutrition.
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« Pendant cette période pic de malnutrition, qui coïncide avec la saison des pluies, nous sommes très occupés dans mon service. Chaque jour, je me réveille à 5h30 du matin. Je suis habituellement très fatigué depuis la veille, mais je me force à sortir du lit. Si j’ai le temps, j’essaye de prendre un petit déjeuner rapide avant de quitter la maison. Mais d’habitude, je pars à jeun pour arriver à l’hôpital avant 7h du matin afin d’assister à la réunion quotidienne pour la relève. Pendant une heure, avec les médecins de nuit, nous passons en revue tous les cas et nous signalons tout problème médical potentiel.

Souvent pendant cette période de pic saisonnier, les réunions vont au-delà de  8h du matin, car il y a tellement de patients et de problèmes à discuter. Après la réunion, je rejoins les autres médecins en service pour commencer les consultations. Nous nous rendons auprès de chaque patient, l’examinons, lui prodiguons des soins et mettons à jour son dossier médical.

Aujourd’hui, si vous entrez dans mon service, vous verrez beaucoup, beaucoup d’enfants. Nous recevons actuellement environ 30 nouveaux patients chaque jour. En faisant vos tournées de consultations, vous devez passer par chaque lit, mais aussi par des matelas ou des nattes à même le sol, où certains des enfants et leurs parents se sont retrouvés à dormir, faute de lits disponibles. Habituellement nous voyons une forte augmentation des cas autour de cette période de l’année, mais cette année, cela a commencé tôt, dès le mois de mars.

Lorsqu’un enfant arrive à l’hôpital, nous l’examinons immédiatement pour détecter la malnutrition en utilisant le bracelet MUAC (Mid-Upper Arm Circumference). Si le MUAC indique la zone rouge ou jaune, cela signifie que l’enfant est mal nourri. Nous expliquons ce que cela signifie aux parents, et l’enfant est enregistré et pesé. Ensuite, une infirmière fera une consultation pour voir si l’enfant souffre d’autres maladies, comme le paludisme ou une infection respiratoire. Sur cette base, nous décidons si le test nécessitera un traitement hospitalier ou ambulatoire.

Personnellement, je commence mes visites au service des soins intensifs, où un certain nombre d’enfants se reposent actuellement sur des tables improvisées, en raison du manque de lits. Certains ont besoin de réanimation, ce que je fais avec l’aide d’une infirmière ; les patients qui ont déjà été stabilisés nécessitent un minimum de 2 à 3 consultations de suivi tout au long de la journée. Je travaille de cette façon, en prenant soin des enfants et en rassurant leurs mères, jusqu’à l’après-midi. Si j’ai le temps, en milieu de matinée, je prends une tasse de café pour conserver mon énergie. Plus tard dans la journée, nous traitons les nouvelles admissions et réajustons le protocole de traitement de certains patients, si nécessaire.
À la fin de la journée, je fais mes dernières visites de patients, m’assurant qu’ils ont tout ce dont ils ont besoin, puis je rencontre à nouveau les médecins du service de nuit pour les informer sur les patients de la journée. Puis je rentre chez moi, fatigué, mais finalement capable de manger un bon repas chaud et de me préparer pour le lendemain. La nuit, j’essaie de me reposer, mais c’est difficile d’arrêter de penser à tous les enfants qui sont à l’hôpital et de se demander s’ils survivront jusqu’à demain. En conclusion, ce travail est épuisant, mais gratifiant. »

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