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20 août 2018

KASAI: “Les besoins nutritionnels dans cette région sont énormes“

Que feriez-vous dans cette situation ? Votre enfant a faim, mais vos réserves de nourriture sont épuisées. Votre enfant a perdu du poids et souffre de diarrhée – vous savez que vous devez l’emmener au centre de santé le plus proche, mais tous ceux de la région ont fermé. Sans soin, votre enfant risque de mourir. C’est la situation qu’affrontent chaque jour des milliers de parents dans la région du Kasaï en République Démocratique du Congo (RDC), où l’accès limité aux soins de santé, à la nourriture et au logement adéquats a entraîné des taux alarmants de malnutrition chez les enfants.

« Les besoins nutritionnels dans cette région sont énormes », a déclaré Moumouni Kinda, responsable du programme ALIMA pour la RDC. « L’accès aux soins de santé primaires et secondaires, et en particulier au traitement de la malnutrition, est devenu difficile car de nombreux centres de santé ont été détruits lors du conflit ».

Dans son effort pour soutenir la réponse à la crise nutritionnelle, ALIMA (l’Alliance pour l’action médicale internationale) a introduit deux nouveaux projets axés sur les besoins des enfants et des femmes enceintes dans les zones sanitaires de Kalonda Ouest et Kamwesha. 

Une situation de crise

Depuis août 2016, les provinces du centre-sud (Kasaï, Kasaï Central et Kasaï Oriental) souffrent d’un niveau élevé d’insécurité dû aux combats entre des groupes armés et les forces armées congolaises (FARDC), ainsi qu’à des tensions interethniques majeures. On estime que plusieurs milliers de personnes ont été tuées et OCHA affirme que plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées.

Malgré une récente accalmie dans la région du Kasaï, les conditions de vie déjà précaires se sont considérablement détériorées ces derniers mois en raison des déplacements massifs de population et du manque d’accès aux biens de première nécessité tels que le logement, la nourriture et les soins de santé. A travers la région, les agents de santé ont fui leurs postes. Dans les centres de santé encore opérationnels, il n’y a pas assez de fournitures médicales ou de médicaments pour répondre aux besoins locaux. De plus, le cycle agricole normal étant perturbé depuis deux ans, le nombre de ménages en situation d’insécurité a augmenté – quelque 3,2 millions de personnes, selon OCHA. On estime que près d’un quart des enfants de moins de cinq ans à Kalonda Ouest souffrent de malnutrition aiguë sévère ou modérée.

Kalonda Ouest

Afin de répondre aux besoins médicaux et nutritionnels de Kalonda Ouest et de réduire la morbidité et la mortalité des populations touchées par la crise, ALIMA apporte son soutien à différentes interventions de santé telles que ; les consultations pédiatriques préventives et curatives, la prévention, le dépistage et la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère, la santé maternelle et la prise en charge des victimes de violences sexuelles.

En partenariat avec Action contre la faim France (ACF-F), des activités sont mises en œuvre dans les zones sanitaires de Ditekemena, Dienzelayi, Kasaï et Kasala pour dispenser des soins de santé primaires. ALIMA soutient le centre de santé central de Ditekemena pour dispenser des soins de santé secondaires, au niveau des services contre la malnutrition, des services pédiatrique et néonatals, ainsi qu’au niveau du bloc opératoire pour les césariennes. Pour augmenter la capacité locale, le personnel de l’hôpital est formé aux bonnes pratiques d’hygiène, y compris aux protocoles d’élimination des déchets médicaux.

Kamwesha 

Suite à la réussite d’un projet pilote au Burkina Faso en 2017, ALIMA déploie dans la région de Kamwesha en RDC la première phase du protocole novateur OPTIMA (OPTimizing MAlnutrition treatment), dans le cadre d’un essai nutritionnel randomisé de deux ans qui va comparer le traitement OPTIMA au traitement standard. Pendant la phase de mise en œuvre, les équipes médicales dispensent un traitement thérapeutique intensif pour les enfants souffrant de MAS, à la fois en milieu hospitalier et dans le cadre de programmes de traitement ambulatoire.

« C’est la première fois qu’un tel projet associe l’expertise d’ALIMA dans le domaine de la santé et de la nutrition à un protocole de recherche innovant, tout en travaillant en étroite collaboration avec le personnel sanitaire national », a déclaré Tinou-päi Blanc, chef de mission pour ALIMA en RDC. « Il s’agit d’un modèle unique qui permettra aux enfants de recevoir les meilleurs soins possibles, tout en augmentant la capacité locale et en transformant la manière de traiter la malnutrition à l’avenir. »
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ALIMA (l’Alliance pour l’Action Médicale Internationale) est une organisation médicale humanitaire qui travaille main dans la main avec un réseau d’organisations médicales locales pour fournir des soins médicaux de qualité aux personnes les plus vulnérables lors de situations d’urgence et de crises récurrentes. Basé à Dakar au Sénégal, ALIMA a traité plus de 3 millions de patients à travers 12 pays depuis sa création en 2009, et lancé 10 projets de recherche sur la malnutrition, le paludisme et le virus Ebola.


En RDC, où ALIMA est active depuis août 2011, le programme se focalise sur la réponse aux épidémies et urgences sanitaires. Cela comprend la réponse à de multiples épidémies de choléra, de rougeole et d’Ebola. Entre 2013 et 2017 dans l’ancienne province du Katanga, ALIMA a mis en place une équipe d’intervention d’urgence, connue sous le nom de RUSH, qui a soutenu la surveillance épidémiologique, la recherche et la réponse à d’éventuelles épidémies. Nos équipes se concentrent maintenant sur la région du Kasaï, dans la province du Haut-Lomami, où les populations locales, qui ont été affectées par un conflit en cours, bénéficient de soins médicaux et nutritionnels gratuits.

En 2017, ALIMA a traité près de 1 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, effectué quelque 43 000 consultations ambulatoires, traité plus de 16 000 enfants contre le paludisme et protégé plus de 7 300 enfants grâce à la vaccination systématique.

Ces activités sont rendues possibles grâce au généreux financement du département de la protection civile et de l’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) et de la Fondation Innocent.

Photo: Alexis Huguet / ALIMA

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