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26 mai 2017

Epidémie d’Ebola dans le Nord-Est de la RDC : « Nous sommes confrontés à des défis pour déployer l’aide médicale »

Une épidémie d’Ebola frappe la province du Bas-Uélé en République Démocratique du Congo. S’il est relativement facile d’acheminer de l’aide par avion jusqu’à Kisangani, la grande ville du Nord-Est du pays, sur le fleuve Congo et par la suite de rejoindre par la route la ville de Buta, le chef-lieu de la province du Bas-Uélé, tout se complique entre Buta et Likati, qui est la zone de santé affectée. Moumouni Kinda, responsable des programmes pour ALIMA revient sur les obstacles rencontrés pour déployer les équipes et évaluer les besoins.

Quel est le bilan de l’épidémie ?

Entre le 12 et le 24 mai, le ministère de la santé a enregistré deux cas confirmés positifs, 49 cas suspects et 4 décès. 294 personnes ayant été en contact avec des malades sont également suivies. L’épidémie frappe principalement la zone de santé de Likati située dans la province du Bas-Uélé. Les cas suspects sont répartis dans 7 aires de santé: Nambwa, Muma, Ngayi, Azande, Ngabatala, Mobenge et Mabongo.

Quelle est la réponse d’ALIMA ?

A Muma, nous avons déployé une équipe composée de sept personnes afin de soutenir les autorités sanitaires. Près de 1,8 tonnes de médicaments et de matériel médical ont été acheminées dans cette aire de santé.

L’équipe distribue du matériel et sensibilise le personnel de santé sur les mesures de protection à adopter. La communauté est aussi informée des mesures à prendre dès l’apparition des symptômes de la maladie.

La recherche active de cas est actuellement en cours. Nous avons monté une petite structure d’isolation pouvant accueillir les cas suspects en attendant les résultats laboratoires. Nous mettons aussi en place des soins en ambulatoire afin d’assurer une prise en charge des cas suspects qui ne peuvent se rendre dans un centre de santé car il n’y a pas d’ambulance et les accès aux villages sont très difficiles. Nos équipes médicales font des prélèvements et offrent gratuitement une consultation journalière auprès des patients étant suspectés d’avoir développé Ebola. Nous sensibilisons aussi les familles et distribuons du matériel de protection et des médicaments pour permettre aux familles de prendre soin de ces malades.

Notre priorité est de contenir l’épidémie mais il faut aussi s’assurer que des soins médicaux restent accessibles pour les patients ayant besoin de soins qui ne sont pas liés à Ebola (paludisme, soins obstétriques, etc.). Pour cela, nous devons nous assurer que des mesures de protection soient en place dans les zones où il peut y avoir des cas contacts.

Quelles sont les contraintes logistiques ?

Nous sommes confrontés à des défis pour déployer l’aide médicale. La zone de santé de Likati est une zone extrêmement isolée géographiquement. Elle est située à 350 kilomètres de Kisangani, ville la plus proche. Si Kisangani et Buta sont relativement accessibles par les airs, il reste difficile d’atteindre les différentes villes affectées.

Faute d’infrastructures routières dans la province du Bas-Uélé, le déploiement du matériel et du personnel se fait principalement en moto. La traversée des ponts de fortune, parfois constitués de deux troncs d’arbres, ne peut pas se faire en voiture. Il faut donc compter 6 heures de voyage en moto de Buta vers Likati et ensuite 5 heures de Likati vers Muma. Pour améliorer les mouvements, l’Organisation Mondiale de la Santé a mis des hélicoptères à la disposition des humanitaires.

La seconde contrainte logistique concerne le transport par ambulance. Il est aujourd’hui impensable de transporter un cas suspect ou confirmé sur une moto. Nous cherchons donc encore des solutions logistiques qui permettent la référence du malade en évitant la contamination des équipes soignantes en charge du transport.

La communication est aussi un problème important. Il n’y a pas de réseau téléphonique dans cette forêt, et même avec nos téléphones satellitaires nous avons beaucoup de mal à être en contact régulier avec nos équipes. Tous ces éléments expliquent les difficultés d’intervention.

La réponse à une épidémie de maladie à virus Ebola requiert des compétences médicales spécifiques, des mesures rigoureuses, et de la discipline car la sécurité de nos équipes et de celles du Ministère sont une priorité de chaque instant.

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