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14 juin 2018

NIGER: Améliorer l’accès aux soins des populations nomades

ALIMA (The Alliance for International Medical Action) et son partenaire nigérien BEFEN (Bien Être de la Femme et de l’Enfant au Niger) ont mis en place depuis 2015 un projet innovant qui cible la santé des populations nomades dans la zone sahélienne qui s’étend de Ménaka au Mali jusqu’à la région de Tahoua au Niger. La phase pilote du projet a pris fin le 29 Mai. Nous nous sommes entretenus avec Dr Oumarou Maidadji, coordinateur général de BEFEN, et Abankawel Ilitinine, préfet de Tchintabaraden pour en savoir plus sur ce projet.

Comment ce projet est-il né?

Dr. Maidadji: Le projet a été mis en place dans une zone au nord-est de Tahoua où la couverture des soins de santé est très faible et où l’accès aux soins médicaux est limité par l’isolement géographique. Seulement 25% de la population du département de Tchintabaraden a un accès régulier aux soins de santé et 60% des populations nomades vivent à plus de 15 kilomètres du centre de santé le plus proche. Les besoins médicaux sont donc énormes dans cette zone.

Abankawel Ilitinine: Procurer des soins aux populations nomades constitue un véritable défi. Avec BEFEN et ALIMA, nous avons pu mettre en place un groupe d’agents de santé capable de se rendre dans les campements des populations nomades pour fournir les soins de santé dont ils ont besoin.

Dr. Maidadji: L’objectif était de travailler avec nos partenaires pour aider à réduire le taux de mortalité parmi les populations nomades, et particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Nous avons fourni des soins curatifs et préventifs.

Nous avons testé des activités innovantes. Ainsi, nous avons déployé des cliniques mobiles dans les zones éloignées de plus de 15 km d’un centre de santé. Nous avons travaillé avec des agents de liaison formés qui peuvent référer les malades vers le centre de santé le plus proche ou prodiguer les premiers soins et distribuer des médicaments. Enfin, nous avons mis en place un réseau de relais communautaires équipés de téléphones qui maintiennent un lien entre le personnel de santé et les populations nomades qui se déplacent.

Quels ont été les plus grands défis pour fournir des soins de santé aux populations nomades?

Dr. Maidadji: Dans certaines régions, il y a des problèmes de couverture de réseau téléphonique ou de disponibilité d’électricité pour recharger les téléphones. Parfois, il y a également des barrières linguistiques entre les agents de santé et les groupes nomades locaux. De plus, il arrivait parfois que les populations déménagent dans une zone située en dehors de la zone de couverture de notre projet, et nous ne pouvions plus leur fournir de soins. Mais malgré tout cela, nous avons fait de notre mieux et même dépassé nos objectifs ciblés.

Et quel impact a eu ce projet?

Dr. Maidadji: En partenariat avec Médecins du Monde Belgique, nous avons également soutenu 12 centres de santé intégrés et 24 centres de santé communautaires, ainsi que l’hôpital de district, où nous avons mis en place une salle d’opération, car auparavant, il n’y avait aucun endroit adapté pour effectuer des actes chirurgicaux. Nous avons réhabilité des structures médicales, fourni des médicaments et du matériel médical, et avons formé des agents de santé locaux.

Aujourd’hui, les indicateurs sanitaires des départements de Tillia, Tassara et Tchintabaraden se sont significativement améliorés, avec près de 100 000 enfants de moins de cinq ans soignés gratuitement. De la même manière, le taux de mortalité dans le service de pédiatrie de l’hôpital de Tchintabaraden est passé de 13,8% en 2015, avant la mise en place du projet, à 0,74% en 2017.

Nous avons aidé plus de 4 000 femmes à accoucher et accompagné plus de 10 000 femmes enceintes lors de consultations prénatales. Dans le bloc opératoire, nos équipes ont effectué plus de 500 chirurgies ophtalmiques et 700 interventions chirurgicales générales.

Abankawel Ilitinine: Au cours de cette phase pilote du projet, les résultats que nous avons observés jusqu’ici ont été très encourageants. Il est évident que le modèle fonctionne, que ALIMA et BEFEN ont sauvé des vies. L’ancien modèle obligeait les nomades à parcourir de longues distances pour recevoir des soins de santé. Aujourd’hui, les populations nomades de Tchintabaraden ont accès à des soins médicaux de qualité. C’est pourquoi nous espérons qu’il y aura une deuxième phase de ce projet, et que ce modèle sera intégré dans le protocole national de la santé, parce qu’il fonctionne.

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ALIMA (The Alliance For International Medical Action) est une organisation humanitaire médicale qui s’appuie sur l’expertise de travailleurs humanitaires, de groupes médicaux nationaux et d’organismes de recherche internationaux afin de fournir des soins médicaux de qualité pendant des urgences aiguës ou des crises récurrentes, dans 10 pays en Afrique de l’Ouest et Centrale. En partageant nos ressources et notre savoir-faire, nous augmentons l’accès aux soins pour les populations à risque, tout en améliorant la médecine humanitaire via la recherche liée à la malnutrition et aux maladies.

ALIMA a commencé ses activités au Niger en 2009, où, en partenariat avec BEFEN, les équipes travaillent pour réduire la mortalité infantile à Mirriah (région de Zinder) et Dakoro (région de Maradi) en prodiguant des traitements gratuits aux enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition ou d’autres maladies. Depuis 2014, les femmes enceintes et leurs enfants bénéficient également du programme ‘1000 jours’ à Mirriah, dans lequel ils reçoivent des soins de santé gratuits pendant la grossesse, l’accouchement et jusqu’aux deux ans de l’enfant. En 2017, à Mirriah et Dakoro, ALIMA et BEFEN ont pris en charge plus que 42 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, 58 000 patients souffrant de paludisme, formé 187 000 mères à l’utilisation du ruban MUAC et pratiqué 14 000 consultations prénatales.

Le projet “Santé Nomade” a été mis en place par ALIMA et BEFEN en partenariat avec Médecins du Monde Belgique et le Ministère de la Santé. Le projet a été rendu possible grâce à un financement de la délégation de l’Union Européenne au Niger.

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