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15 novembre 2018

NIGER : « Le choléra est une maladie facile à traiter si elle est diagnostiquée à temps »

Face aux nouveaux cas de choléra observés dans la région de Maradi, ALIMA a mis en place une intervention d’urgence dans cette région du Sud du Niger. Entre juillet et novembre 2018, au total 3912 cas de choléra, dont 76 décès, ont été déclarés par le ministère de la Santé. Interview avec Dr Maidadji, coordinateur médical pour ALIMA/BEFEN.

Quels étaient les besoins identifiés par ALIMA à Maradi ? 

La commune de Maradi a notifié ses premiers cas de choléra fin juillet. Une équipe ALIMA s’est rapidement rendue sur le terrain pour évaluer les besoins et elle a constaté une situation critique. Le centre d’isolement installé par les autorités ne répondait pas aux normes sanitaires internationales : le circuit du patient n’était pas mis en place et les équipements et personnel de santé étaient insuffisants. Le centre ne disposait pas d’eau potable et il n’y avait pas de système de gestion des déchets.

Les patients étaient dans une situation très précaire : ils ne recevaient pas de nourriture, les médicaments étaient en risque de rupture et il n’existait pas de système de référence. Les activités de sensibilisation étaient aussi très limitées.

Pouvez-vous décrire le travail des équipes au cours des derniers mois ? 

Grâce à l’appui du département de l’aide humanitaire et protection civile de la Commission européenne (ECHO), ALIMA a pu répondre rapidement installer un Centre de Traitement du Choléra (CTC) afin d’assurer une prise en charge optimale et réduire la létalité car il y avait plus de 5 nouveaux cas par jour.

Le CTC est composé d’une zone de tri, d’une zone d’observation de 12 lits, d’une zone d’hospitalisation de 30 lits, d’une zone de convalescence de 8 lits, d’une zone neutre, d’une zone à déchets, d’une zone de lavage et séchage, d’un bureau médical, d’un stock et d’une morgue.

Nous avons également formé un réseau de relais communautaires afin qu’ils puissent identifier les malades et les référer vers notre centre. Les malades suspectés sont désinfectés et orientés en zone d’observation ou d’hospitalisation. La durée moyenne de séjour au centre était d’environ 3 jours.

Chaque patient reçoit un kit WASH composé de 8 barres de savons, de 40 comprimés d’aquatabs, et de solution pour réhydratation orale (SRO).


Que faire pour prévenir ces épidémies ?

Au niveau structurel, il faut tout d’abord pallier au manque d’installations sanitaires de base (caniveaux, toilettes, zones à déchets et points d’eau potable).

Ensuite, afin d’éviter la contamination dans la communauté, il faut dès la confirmation du premier cas, mener des activités de sensibilisation au niveau communautaire à large échelle pour informer sur les symptômes, modes de transmission de la maladie, premiers gestes en cas de cas suspect, etc. C’est pourquoi, nos équipes ont mené des campagnes de travailler avec des crieurs au sein des quartiers et organisé plusieurs projections publiques sur le choléra et des affiches ont été placardées sur les véhicules de transports en commun.

Le choléra est une maladie facile à traiter si elle est diagnostiquée à temps. Le traitement existe et est efficace à 100%. Le taux de létalité intra hospitalière ne dépasse généralement pas 2% et est lié aux références tardives des malades. Néanmoins, au regard de la vitesse de la propagation de l’épidémie, le risque d’un dépassement de la capacité des acteurs est possible si la réponse n’est pas adaptée et coordonnée avec les acteurs WASH.

Enfin, la vaccination contre le choléra reste également une mesure de prévention efficace contre les épidémies.


Ce projet d’ALIMA a été financé par la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO).

Crédits photo: ©European Union/ Olivier Girard  

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